Twitter va mal ! L’oiseau bleu, coupable de ne pas se renouveler et évoluer, se retrouve pris dans la cage des volatiles technologiques en manque – voir absence totale ! – de rentabilité ; ce n’est pas parce qu’un « mode nuit » vient d’apparaître et que l’interface a changé « graphiquement » il y a peu que la plateforme aux 140 caractères va se sortir du pétrin dans lequel elle semble sombrer. Néanmoins, si l’entreprise, elle-même, ne se porte pas bien, il semblerait qu’il en soit de même pour certains contenus qui y sont postés. Et ça, c’est notre rôle à tous d’y veiller !
Source de conflit !
Devinette : qu’est-ce que qui est twitté en moyenne toutes les 3 minutes, qui est souvent coloré, accompagné automatiquement d’un visuel qui va bien et RT à grande ampleur ? Vous l’avez ? Le #Vendredilecture ? Non ! Le #ecommerce ? Non plus ! Vous donnez votre langue au #chat ? Il s’agit bien évidemment du #infographie, agitateur de RT s’il en est ! Aujourd’hui, dans le social media B2B, certains twittos se font une spécialité du partage d’infographies, chiffres clés et autres dérivés d’études marketo-statistiques ; sur le fond, on comprend tout à fait la hype qui 12entoure ce genre de contenus. Premièrement, l’information clé est chiffrée et souvent faite pour « attirer » la concentration volatile du twittos sur un fait précis, le plus marquant possible. Deuxièmement, elle répond aux codes de publication, souvent accompagnée d’un visuel efficace, irisée et typographiée de manière stylée. Le statistico-tweet manque, en revanche, bien souvent, d’une chose plus importante que le contenu en lui-même : sa source !
Le combat contre les fakenews soulève les sacrosaintes « webvoices » et, pourtant, les statistico-tweets oublient fréquemment de citer leur(s) source(s) en partageant des visuels dépourvus de petit astérisque et parfois même dépourvu d’un lien vers l’étude en question. Comment qualifier un tweet « infographie » non sourcé autrement que de « fake news » ? Car, comme on l’a tous appris dans notre jeunesse, on ne cite jamais un auteur ou un chiffre – souvenir de BAC ES sûrement… – sans énoncer la source de son propos. Pourtant, de nombreux Twittos ont oublié cette règle majeure, filtre à fake news et autre e-propagande et disqualifient ainsi la précieuse / coûteuse information qu’ils mettent en avant. Dans une époque où l’information se propage aussi vite que la lumière, c’est une faute grossière qui pourrait pourtant assez facilement être évitée. Vérifiez vos chiffres publics et publiés et, sourcez-les obligatoirement !
Twitter en sursis
En discutant ou en lisant certains acteurs de la profession et influenceurs de la plus vieille heure, je me suis également rendu compte que le rôle de Twitter avait changé ; d’un contenu de fond, de débats entre spécialistes d’une thématique et d’échanges poussés, les publications actuelles semblent de plus en plus automatisées, mécaniques, statistiques. Certes, la robotisation d’une partie des profils grâce à des outils comme Rankybird facilitent l’agrégation de communautés et l’accroissement de masse followers – follows back, DM automatiques, likes auto sur sujets précis etc… – mais elle détruit de facto la relation humaine entre spécialistes et novices, inter et intra-communautés, aussi réduites soient-elles. Et c’est habituellement ce qu’on reproche au digital : déshumaniser les échanges… Quand on pense que certains spécialistes du webmarketing et social media privilégient désormais pour leur curation et leurs prospections l’ambitieux LinkedIn ou le sur-populaire Facebook, on en vient à supplier Twitter de se réformer, de se nettoyer, de se vérifier bref, de faire une bonne cure de jouvence pour éviter de devenir une caricature en 140 bots !
Il est certain que les statistico-tweets participent d’une manière générale à la baisse de la qualité d’un écosystème digital qui compte pourtant de nombreuses réussites. Bien sûr, la critique peut paraître sévère car certaines études, lorsqu’elles sont (réellement) neutres, peuvent nous apprendre beaucoup sur nos sujets de prédilection ; pour autant, de nombreuses autres racontent ce que leur commanditaire veut bien leur faire dire et n’ont plus d’autre intérêt que de permettre de créer des messages adressés directement au targeting prédéfini. Targeting qui, par la force des choses, devient un twittos, qui lui-même devient le véhicule d’un message via un statistico-tweet. La boucle est bouclée, l’information diffusée, le tour est joué sans qu’à un seul instant le twittos en question se soit posé les deux seules questions utiles à l’interprétation des chiffres : d’où vient l’information et qui en est l’auteur ?
Le rôle de chacun
Que vous soyez du côté de l’annonceur ou du relayeur, vous avez donc un rôle important à jouer dans la diffusion des informations sur Twitter. Annonceurs, n’oubliez jamais de citer vos sources sur vos tweets : la menace du discrédit pèse sur vous ! Quant aux twittos et autres relayeurs de l’information quotidienne, n’oubliez pas les cours de Madame Chavanne, votre prof d’économie de seconde : vérifiez et citez vos sources (et vos auteurs) avant de les publier. C’est la recette pour devenir un Twittos éclairé !