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Avec l’arrivée de l’été nos envies d’évasion réapparaissent, c’est le moment tant attendu du départ en vacances… Mais avant de plier bagages, il faut passer par l’étape difficile du choix de la destination. C’est à ce moment que les réseaux sociaux dévoilent, une fois de plus, leur pouvoir d’influence. En effet, il suffit d’avoir vu notre influenceur/euse préféré(e) ou un(e) ami(e) poster fièrement un cliché sur Instagram, pour susciter en nous le désir de s’y rendre à notre tour.
La démocratisation de la culture de l’instantané, de l’ostentatoire et du partage abusif, a profondément changé nos comportements, et ce, surtout en vacances. Il est de plus en plus courant de cliquer en amont sur les hashtags liés à nos lieux de vacances afin d’appréhender leur instagramabilité. A ce propos, une étude de Schofields, publiée dans le média britannique Travolution, révèle que pour les millenials (18-35 ans) le « capital photographique » d’un site compte à hauteur de 40 % dans le choix de la destination des vacances.

Source : We Like Travel
La digitalisation des lieux de vacances
C’est ainsi qu’une multitude d’endroits se sont retrouvés sous les feux des projecteurs, grâce à des post Instagram ou Facebook notamment. D’abord, cela apporte une visibilité non négligeable aux lieux, ce qui peut doper ou même créer le tourisme. Seulement, la course aux likes sous les plus beaux lieux de vacances peut très vite tourner en leur défaveur pour ces endroits d’exception. C’est notamment ce qui s’est produit pour la plage de l’île Vierge sur la Presqu’île de Crozon en Bretagne. Il y quelques années, le journal anglais The Guardian classait la plage comme l’une des plus belles plages d’Europe. Dernièrement, le bloggeur voyage Bruno Maltor réalisait une vidéo complète sur la Presqu’île en vantant la beauté de l’île Vierge. Ses abonnés ont également élu le lieu comme l’une des 7 Merveilles Naturelles Françaises.
Ce coup de projecteur sans pareil à tout de suite éveillé la curiosité des internautes. Loin d’être démotivés par l’accès difficile de la plage, ces derniers se sont rués en masse vers ce site exceptionnel. Ainsi « on est passé de 20 000 randonneurs par an à 60 000 aujourd’hui » renseigne Didier Cadiou, responsable des espaces naturels à la mairie de Crozon. Pourtant, la plage est fermée par arrêté préfectoral depuis le 14 mai 2020. Didier Cadiou évoque aussi la détérioration du lieu en expliquant que « la fréquentation a rendu le sol très fragile. Des cailloux se détachent de la falaise et tombent sur la plage ». Cela n’arrête pas les visiteurs appâtés par les magnifiques images diffusées sur les réseaux sociaux.

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De la même manière en Norvège, le rocher Trolltunga est lui aussi victime de son succès. Les touristes n’hésitent pas à marcher durant 6 heures jusqu’au site, ou il faut, le plus souvent, attendre longuement son tour pour obtenir sa photo souvenir.

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L’asphyxie de l’environnement par les réseaux sociaux
Dans les cas les plus extrêmes, un engouement trop excessif d’un lieu instagramé peut conduire à sa destruction totale. C’est par exemple ce qui s’est passé en Californie, dans la ville de Lake Elsinore ou se trouvait un gigantesque champ de coquelicot. Après la visite de plusieurs influenceurs et la publication de leurs photos, près de 100 000 personnes ont déferlé dans les champs jusqu’à en détruire une grande partie. Autre exemple avec les champs de lavande du plateau de Valensole dans le sud de la France. Chaque année, lors de la floraison, les touristes y affluent. Certains n’hésitent d’ailleurs pas à s’allonger dans les champs ou à cueillir des bouquets de lavande. Seulement, sans s’en rendre compte, les visiteurs piétinent le lieu, et le détruisent progressivement.
Il y a donc un réel enjeu environnemental derrière les posts Instagram qui mettent en valeur des sites exceptionnels peu connus du grand public. Afin de pallier à l’arrivée d’un tourisme de masse, l’ONG WWF a lancé l’année dernière l’opération « I Protect Nature ». Cette initiative vise à remplacer la géolocalisation d’un lieu sur Instagram par cette phrase : « Je protège la Nature ». Cela permet de sensibiliser les internautes à la protection des sites inadaptés au tourisme à grande échelle.
L’avènement de nouvelles pratiques et formes de tourisme
Dans cette démarche nous avons tous un rôle à jouer, les réseaux sociaux ont fait émerger une nouvelle forme de publicité. En effet, par leurs publications, les internautes s’influencent mutuellement sur leurs destinations.
Il est donc possible de mettre en avant des lieux qui prônent un tourisme moins « digitalisé ». A titre d’exemple la société Vacancéole a inauguré en 2019 « Le Village des Oiseaux » en Savoie. Ce complexe vacances a été créé dans l’idée de développer un tourisme éco-responsable. Le Village est ancré dans une Zone Natura 2000 ainsi qu’un Refuge LPO, qui visent à préserver l’environnement en optant pour une utilisation raisonnée des espaces naturels. Une meilleure gestion des lieux touristiques en amont, peut permettre d’atténuer la pression liée au tourisme de masse. La promotion de ce type de site peut être faite grâce à des influenceurs, par le biais de publications Instagram ou de « blog-trip » (comme un voyage de presse pour les journalistes). D’ailleurs, de plus en plus de blogueurs voyage se consacrent à la mise en valeur d’un tourisme responsable et éthique. Comme par exemple Léa Camilleri, Hellolaroux, ou Les Globes Blogueurs. Il serait judicieux de profiter de leurs communautés pour promouvoir un tourisme plus respectueux.

1er village vacances de Vacancéole : Le Village des Oiseaux Source : Vacancéole
En prenant le contre-pied d’un « ego-tourism« , nous pouvons faire le choix de succomber à la tendance du « slow tourism« . Cette manière de voyager propose de concilier tourisme durable et détox digitale. Autant de concepts qui permettent une réelle préservation de l’environnement.
Néanmoins, aujourd’hui, le numérique a pris une place déterminante dans nos modes de consommation. Nous pouvons nous demander quelles évolutions les réseaux sociaux mettent-ils au point afin de réunir le partage social et la question environnementale, de plus en plus prédominante.
Les réseaux sociaux : des vecteurs d’ouvertures sur le monde
Malgré les dérives néfastes pour l’environnement, les réseaux sociaux permettent cependant d’exposer les merveilles de notre patrimoine. Ils représentent une véritable vitrine vers le monde entier. En 2018, une étude Next Content pour Expedia démontre que 23% des voyageurs sont influencés par les réseaux sociaux pour le choix de leur destination de vacances, leurs activités et leurs hébergements.
Les réseaux sociaux sont nécessaires pour le secteur du tourisme. Ils sont aussi le reflet des tendances actuelles. Grâce à leurs algorithmes, ils permettent d’identifier les lieux qui disposent d’importants engagements digitaux. Les plateformes digitales peuvent aussi potentiellement alerter les responsables des sites touristiques en cas d’engouement soudain. De cette façon, ils pourront se préparer à l’arrivée massive de touristes.
Pourtant, la manière la plus efficace de préserver l’environnement des risques des réseaux sociaux reste tout simplement, de nous responsabiliser. Ainsi qu’à apprendre à éteindre nos smartphones durant les vacances. Quitte à ne pas épater cette année nos collègues avec nos publications de photos de vacances. Une étude menée par Lastminute montre ainsi que 43% des européens ne peuvent pas se passer de leur téléphone en vacances. En réaction à ce chiffre édifiant, des agences de voyages proposent de passer des vacances loin des écrans. C’est dans ce secteur que la start-up Out of reach a décidé de se spécialiser, en proposant des séjours en zone blanche pour apprendre à déconnecter et vivre l’instant présent.