Source : macstories.net
Chiffre hebdo #38
Unicode, l’autorité de standardisation des caractères, a publié la liste de 230 nouveaux emojis pour 2019. Une représentation qui s’agrandit au fil des années et plusieurs sujets sociaux font leur entrée.
Le développement des TIC a contribué à faire évoluer notre manière de communiquer, et la présence de pictogrammes sur nos claviers est la preuve de ces comportements nouveaux. Rares sont les internautes qui peuvent prétendre ne jamais croiser le chemin de ces petits dessins figuratifs et symboliques. Ils sont partout ! « Une image vaut mille mots » dit-on. En effet, la célébrité des pictogrammes vient de la nécessité de pallier le manque d’émotions dans les mots échangés par écrit. Les emojis offrent aux protagonistes l’intonation qui fait défaut à la ponctuation traditionnelle. Ils se veulent être aujourd’hui les plus représentatifs possible. Ainsi, chaque année, de nouveaux symboles apparaissent via Unicode, l’organe de validation des caractères.
D’où viennent-ils ?
L’histoire des émojis est liée à celle des émoticônes. Les ancêtres des émojis apparaissent en 1982, sous la plume de Scott Fahlmant. Année après année, SMS après SMS, message Facebook après message Facebook, est née la nécessité pour les individus d’exprimer leurs émotions en les imageant. Afin d’accompagner les textes, les frimousses (terme français de « Smileys ») jouent un rôle de redondance qui accentue le ton des mots ainsi que le sens des idées en laissant transparaître l’affect. Ces créations se composent de signes de ponctuations, de lettres et de chiffres, pour créer des icônes illustrées afin d’exprimer des émotions et des ressentis spécifiques. Il est intéressant de noter que même sans ces images, l’utilisation des  » : – )  » et  » ; – ) « , par exemple, sont des tentatives de reproduction de nos expressions faciales sous forme picturale, à croire qu’ils sont indispensables !
Un début prometteur pour les émojis
C’est dans cet élan qu’apparaîtront les premiers émojis quelques années plus tard (1995) au Japon, imaginés par Shigetaka Kurita. La racine même du terme est d’ailleurs japonaise, un mélange des deux mots E (image) et moji (lettre). L’amélioration des images sur internet a permis à Shigetaka d’adopter des représentations plus poussées pour permettre de saisir le sens des mots, une première pour la jeune génération japonaise, qui s’en saisit rapidement. Devenu le langage des jeunes et popularisé par les opérateurs de téléphonie mobile japonais, l’émoji devient un réel succès qui dépasse les frontières japonaises.
Mais ces derniers ne s’arrêtent pas aux expressions humaines et, au compte-goutte, tout un ensemble de nouveaux pictogrammes voit le jour : homme, femme, enfants, objets, moyens de transport, fruits et légumes, drapeaux… Les internautes peuvent désormais enrichir leurs textes avec tous ces éléments. Aujourd’hui les émojis ont assis leur présence dans différents supports de communication, un succès qui les conduit à obtenir le Graal dans le prestigieux Oxford Dictionaries, qui a élu l’émoji « LOL » (😂) comme étant le « mot » de l’année 2015. Cette victoire historique, mais aussi symbolique, est une reconnaissance de la popularité acquise par ces pictogrammes. Les émojis ont cet avantage d’être, dans une certaine mesure, intemporels, intergénérationnels et interculturels. A leur niveau, au même titre que les objets de communication actuels, ils appuient l’affaiblissement des barrières entre les langues et les cultures.
Un virage social
Source : YouTube
L’exportation des émojis ailleurs qu’en Asie renvoie à une logique de contextualisation. C’est ce qui justifie l’intention d’Unicode de rendre les émojis plus représentatifs et inclusifs. Cet organisme a coutume, depuis un certain temps, d’adopter des nouveaux émojis en fonction des tendances sociétales. Ils sont ensuite repris par les fabricants de smartphones qui les intègrent dans leurs systèmes d’exploitation. En 2019, les 230 nouveaux émojis dévoilés représentent des personnes handicapées (fauteuil roulant, malentendant, canne et chien d’aveugles notamment). C’est aussi le cas pour les couples de même sexe qui sont désormais « émojisés », de même que les personnes transgenres avec le symbole du homard.
Considérés comme une fonction superflue, les émojis sont devenus au fil des années un langage de société. Ils sont désormais une expression du monde actuel et sont appelés à suivre l’évolution des mœurs. A ce titre, notons qu’un sujet féminin aura aussi sa représentation puisque, à la suite de nombreuses revendications, un émoji reflétant les périodes de menstruation apparaît (sans doute trop tard) parmi les 230 nouveaux. Une demande qui a été enfin entendue par le consortium Unicode qui met désormais à disposition un emoji en goutte de sang pour exprimer le cycle féminin. Cet émoji permettra de briser les tabous liés à la question des règles : une manière de libérer la parole.
Les émojis suscitent désormais une réelle attente; Ils deviennent, petit à petit, le miroir de la société actuelle. Cela donne l’occasion à ces images de participer à la démocratisation de certains sujets sociétaux.
Source : sudouest.fr