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Cela fait l’effet d’une bombe dans la Silicon Valley : quelques jours seulement après Twitter, le groupe Meta vient d’annoncer la suppression de 11 000 emplois à travers le monde. La maison mère de Facebook, Instagram et WhatsApp s’apprête à lancer son premier plan social de taille depuis ses 18 ans d’existence.
Face au contexte économique, Mark Zuckerberg coupe dans ses effectifs
Rien ne va plus dans la Silicon Valley ! Représentant environ 13% de sa masse salariale, cette vague de licenciement surgit en pleine période de crise économique pour le groupe de Mark Zuckerberg, les revenus de Meta ayant chuté de 4% au trimestre dernier et sa capitalisation boursière fondu de près de 600 milliards de dollars en un an !
Ses ambitions tournées vers le métavers, le géant des réseaux sociaux avait pourtant recruté massivement depuis quelques années, pour atteindre près de 90 000 salariés en septembre dernier. Ses mauvais résultats financiers, qui ont notamment fait plonger l’action de Facebook depuis le début de l’année 2022 (moins 500 milliards de dollars de valorisation), a contraint cette semaine Mark Zuckerberg à procéder à « l’un des changements les plus difficiles dans l’histoire de Meta ». Prenant l’entière responsabilité de cette décision, le milliardaire américain estime que « le ralentissement macroéconomique, la compétition accrue et la baisse de la publicité » ont particulièrement impacté le chiffre d’affaires de sa firme.
Alors qu’il avait laissé entendre le mois dernier que son personnel diminuerait « légèrement » en 2023, Mark Zuckerberg n’a pu empêcher ses derniers résultats économiques de le rattraper. Pire, ses projets d’investissements dans le métavers n’ont pour le moment pas eu les résultats escomptés, une baisse inédite du nombre d’utilisateurs sur Facebook fut même observée en début d’année. L’intense concurrence menée par Meta face aux autres plateformes sociales l’a récemment poussé à prendre des décisions stratégiques concernant l’avenir de ses supports, comme la transformation d’Instagram en réaction à la montée en puissance de TikTok.
Meta : symbole d’un secteur de la tech en crise

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Deuxième géant de la tech à réduire considérablement ses effectifs, le groupe de Mark Zuckerberg se trouve impacté par un contexte économique difficile : inflation, coûts de l’énergie, ralentissement du marché publicitaire… autant de facteurs propices aux réductions budgétaires et à la suppression de milliers de postes dans la Silicon Valley. En effet, les entreprises installées dans le pôle technologique américain « anticipent une récession économique » explique Fabrice Epelboin, entrepreneur et spécialiste des réseaux sociaux.
Non loin de là en Californie, Elon Musk a précédé Mark Zuckerberg en congédiant la moitié des 7 500 employés de Twitter vendredi dernier. Dans une logique de révolutionner « l’oiseau bleu », le patron de Tesla souhaite avant tout marquer les esprits et faire de Twitter une plateforme rentable et égalitaire. Qualifiée de « purge économique » par Fabrice Epelboin, le plan social insufflé par Elon Musk dispose aussi d’une visée politique selon plusieurs observateurs, au moment où de nombreux « twittos » songent à quitter la plateforme.
Quelques jours avant Twitter, le service de paiements Stripe et la société de location de voiture avec chauffeur Lyft ont respectivement annoncé se séparer de 14 et 13% de leurs effectifs. Les deux sociétés américaines ont été suivies par le géant de la distribution Amazon qui, sous couvert d’un « environnement macro-économique inhabituel », a déclaré geler temporairement ses embauches en prévision d’une faible croissance au prochain trimestre.
Les réseaux sociaux : un « business model » à bout de souffle ?

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« Pouvoir cibler les internautes en fonction des centres d’intérêt a changé la donne.
C’est vraiment cela qui a fait le succès des réseaux sociaux dans la sphère publicitaire », explique Emmanuelle Patry, fondatrice du Social Media Lab, organisme de formation pour professionnels de la communication. Mais cela ne suffit plus aujourd’hui. Une concurrence entre les plateformes de plus en plus intense, des formats publicitaires transformés, des coûts de stockage colossaux… la liste des enjeux auxquels sont confrontés les géants du web s’allonge d’année en année. Face aux défis économiques, les réseaux sociaux se voient obligés de repenser leur modèle, en faisant notamment contribuer financièrement leurs utilisateurs afin de réduire les coûts.
En majorité gratuits depuis leur création, les réseaux sociaux tentent peu à peu de s’éloigner de la publicité, leur principale source de revenus jusqu’ici. Suite aux dernières annonces d’Elon Musk, les abonnés de Twitter semblent être les premiers à en payer le prix. Le nouveau patron de « l’oiseau bleu » envisage en effet de rendre payante la certification sur sa plateforme, à hauteur de 8 dollars par mois, mais non sans conséquence. Plusieurs marques ont déjà rompu leurs projets publicitaires sur Twitter depuis le rachat du milliardaire, jugeant ses orientations pour le réseau social trop radicales. Avec l’arrivée de nouveaux supports dotés d’un certain pouvoir d’attractivité auprès de la jeune génération, tels que Snapchat, TikTok ou encore Twitch, les cibles publicitaires évoluent vers d’autres formats. Réticents à l’idée de payer pour profiter d’un réseau social, les internautes montrent néanmoins un intérêt particulier envers les posts sponsorisés, valorisant ainsi les créateurs de contenus devenus aujourd’hui indispensables pour l’ensemble des plateformes.
Pour Meta et Mark Zuckerberg, l’avenir se dessine avant tout dans le métavers.
L’homme d’affaires souhaite capitaliser davantage dans ce qu’il considère être « le futur des connexions sociales », même si les investisseurs sont encore réticents face aux ambitions du fondateur de Facebook au sujet du devenir des réseaux sociaux. Julien Pillot, économiste et enseignant-chercheur à l’Inseec, observe ce monde virtuel comme un gigantesque défi à relever pour Meta : « Il serait possible de vendre dans le métavers des services très variés, du foncier virtuel, des NFT, de prendre des commissions sur les transactions qui s’y déroulent. Et le niveau d’immersion serait tel que les publicitaires y afflueraient vite. » Conscient que le modèle économique de ses plateformes s’essouffle, Mark Zuckerberg réussira-t-il son pari du métavers et ainsi faire entrer Facebook dans une nouvelle ère 3.0 ?