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L’Oiseau Rose – La GC « blog-trotteuse » !

Crédit photo : ©L’OiseauRose

Alchimia Communication part à la rencontre d’un GC (Gestionnaire de Communauté) pour un tour d’horizon de son métier… Aujourd’hui, rencontre avec Camille, fondatrice de L’Oiseau Rose depuis 10 ans, une GC « blog-trotteuse » !

Bonjour Camille ! Peux-tu te présenter et nous raconter ton parcours ?

J’ai 36 ans et je vis dans le Sud de la France. Après des études universitaires, j’ai travaillé en tant que Community Manager pendant un peu plus d’un an avant de me rendre compte que le rythme « métro, boulot, dodo » ne me correspondait pas du tout. J’ai décidé de changer de vie : du jour au lendemain, je suis partie faire le tour du monde ! J’ai tout plaqué pour partir près de quinze mois, sac à dos sur les épaules, pour l’Inde avec seulement un billet aller en poche. Je suis vraiment partie dans une optique de ne rien réserver à l’avance, de ne rien prévoir… et j’ai fait un grand road-trip en Asie du Sud-Est puis en Amérique du Sud. De ce voyage est né l’Oiseau Rose.

Peux-tu nous expliquer en quoi consiste réellement ton métier et ton quotidien ?

Quand j’ai créé mon blog en 2012, être influenceur n’était pas commun. C’était le début du « blogging Â», ce n’était pas professionnalisé comme aujourd’hui. Je prodiguais quelques conseils, racontais ce que je vivais durant mes voyages… à ma grande surprise, le blog a très vite pris de l’ampleur au point d’en faire mon métier, sans même le vouloir au départ ! Step by step, j’ai été contactée par des marques. Avec la montée en puissance du métier de bloggeur-voyage ces dernières années, j’ai bénéficié de l’attrait des offices de tourisme et des marques et, prise dans le « tourbillon Â» du blog, j’ai réussi à faire ce qu’il me passionne !  

« Vivre de sa passion n’a pas de prix »

L’opportunité d’être auto-entrepreneur s’est présentée à un moment de ma vie où le monde de l’entreprise ne me convenait plus et dans lequel je ne me projetais pas.

As-tu toujours voué une passion pour les voyages ?

Depuis toute petite j’en rêve. Mon premier voyage en Martinique, à 9 ans avec mes parents, a déclenché quelque chose en moi. J’habitais, à l’époque, dans un petit village des Vosges et je savais qu’un jour je serai appelé à voyager !

Et puis combien saute le pas pour vraiment vivre de leurs rêves ? C’est ce que j’ai essayé de donner comme premiers « tips Â» sur mon blog, des conseils afin que les gens puissent vivre leurs rêves, en leur montrant que je n’étais pas prédestinée à cela au départ !

En 10 ans, tu as eu la chance de parcourir le monde plusieurs fois ! As-tu une idée du nombre de pays que tu as visité jusqu’ici ?

Sincèrement, je n’ai jamais compté ! Je suis allée sur tous les continents et ai découvert de nombreux paysages et cultures, ça c’est sûr !

Après l’Inde, tu as donc poursuivi ton voyage en Asie du Sud-Est ?

Oui, j’ai pris un bus pour le Népal, et c’est d’ailleurs très simple là-bas de passer les frontières ! Ensuite, j’ai pris un petit avion pour la Thaïlande, mais j’ai réalisé le reste du voyage en bus, du Cambodge au Vietnam en passant par le Laos. Comparé à d’autres moyens de transports, voyager en bus est très pratique et vraiment abordable.

As-tu été soutenue au moment du lancement de ton activité ? Comment t’es-tu formée au blog ?

J’ai vraiment tout appris sur le terrain. Au début, mon compagnon m’a aidé à prendre en main le blog avec WordPress et j’ai rapidement géré toute seule le design et les outils SEO.
J’ai appris énormément de choses en voyageant, que ce soit pour la rédaction de mes articles, la relation avec les marques, la gestion des réseaux sociaux, le montage vidéo… c’est tout un univers que l’on appréhende par étape afin de produire des contenus de qualité.

Je suppose que cela représente un temps de travail conséquent ! Comment organises-tu tes journées entre le blog et les réseaux sociaux ?

Le terrain représente ¼ de mon temps, le reste étant réservé à mon blog : ce que j’aime avant tout ! Je ne compte pas mes heures, qui plus est quand on travaille dans un univers qui nous plaît. Le voyage n’est pas que de la détente, je l’aborde comme un vrai métier ! J’ai mes voyages « persos Â» que je partage sur mon blog et ceux où je suis en collaboration avec des offices du tourisme ou des marques, qui vont, par exemple, me demander de produire un nombre de posts Instagram dédié.

Peux-tu nous expliquer en quoi consiste tes « collabs Â» ?

Quand je travaille pour une marque, j’ai d’autant plus envie de mettre en valeur la destination, tout en restant transparente sur mes expériences. C’est une relation de confiance qui s’établit avec la marque. En amont, on va créer l’itinéraire et le contenu du voyage en fonction de ma ligne éditoriale et de ce qui me ressemble. J’aime bien les expériences un peu « roots Â», la nature, les activités en plein air… contrairement aux musées ou aux hôtels 3 étoiles !
C’est « donnant-donnant Â» : les marques me proposent de faire la promotion d’activités que j’adore et qui me correspondent. Si on me propose de faire la promotion d’une croisière à Venise, ce n’est même pas la peine !

« Ce que j’aime dans mon métier, c’est choisir où et avec qui je travaille Â»

Crédit photo : ©L’OiseauRose

Opères-tu donc une vraie sélection des marques avec qui tu collabores ?

Oui, il faut vraiment que ce soient des collaborations qui me ressemblent et qui soient cohérentes avec la ligne éditoriale de mon blog. Cela me plaît de partager avec mes lecteurs des destinations et marques qui me tiennent à cÅ“ur. Il m’arrive d’ailleurs de refuser d’importants contrats avec des marques qui ne me correspondent pas.  

As-tu réussi à obtenir des partenariats à long-termes avec certaines marques ?

C’est un métier qui demande beaucoup de « souplesse financière Â», il y a des mois avec et des mois sans, puisque je n’ai pas de contrat exclusif avec une marque et je visite très rarement deux fois une même destination.

Les réseaux sociaux sont de plus en plus plébiscités aujourd’hui et le phénomène TikTok a pris énormément d’ampleur ces dernières années. Comment observes-tu cette tendance ?

Je mesure la chance d’être dans ce métier depuis autant d’années, au regard du nombre grandissant de nouveaux bloggeurs qui font de très bonnes choses et qui sont très populaires sur certains réseaux comme Instagram. J’ai d’ailleurs vécu une mauvaise expérience lorsque j’ai dû recommencer à zéro après le piratage de mon compte Instagram, notamment au regard de l’importance que donne ces marques envers le nombre d’abonnés. Ce coup dur m’a permis de réaliser que le « blogging Â» était primordial par rapport aux réseaux sociaux. Même si j’aime avant tout écrire des articles et gérer mon blog à ma manière, je trouve que l’on reste toujours un peu dépendants sur les réseaux sociaux, dépendants des algorithmes, des tendances… c’est important d’y être pour informer, attirer et rediriger les lecteurs vers le blog.

Quel réseau privilégies-tu le plus aujourd’hui ?

Je suis davantage sur Instagram que sur TikTok. J’ai essayé TikTok, mais ce n’est pas la plateforme la plus adaptée aux messages que je souhaite faire passer à ma communauté. Quand on veut approfondir les informations et les conseils transmis aux lecteurs, le format de cette plateforme n’est pas le plus approprié. Je ne suis pas vraiment sûre que cela ait un réel intérêt pour ce que je souhaite partager. En revanche, c’est intéressant si, via TikTok, les utilisateurs se rendent sur le blog et s’enrichissent d’articles plus détaillés.

Quels rapports entretiens-tu avec ta communauté ? Comment exprimerais-tu la fidélité de ta communauté après 10 ans de métier ?

C’est vrai qu’il y a des lecteurs qui me suivent depuis plusieurs années et je prête une attention toute particulière à leurs retours sur mes articles, et plus encore lorsqu’ils me confient que c’est grâce à moi qu’ils se sont décidés à partir faire le tour du monde ! C’était vraiment le but premier de mon blog et c’est ce qui me fait le plus plaisir. J’apprécie aussi faire partie de la communauté des voyageurs : on est bienveillants les uns avec les autres, on partage nos voyages respectifs et tout le monde se connait tous plus ou moins en France.

À propos de ta communauté, as-tu eu l’occasion d’étudier ses caractéristiques, ses typologies… ?

C’est assez simple : ce sont des gens qui me ressemblent (rires) ! Quand j’ai commencé le « blogging Â», les gens qui me suivaient étaient de la même génération et ont continué à me suivre au fil des années. Ce sont donc des gens qui aiment voyager à la « roots Â», seul ou en couple, avec la même vision du voyage que moi. S’ils me suivent c’est parce qu’ils se reconnaissent quelque part en moi ! Quelqu’un qui est fan d’art ou de musées ne va pas forcément être impacté par mon travail…

…d’où le fait de privilégier certaines marques plutôt que d’autres, des marques qui te ressemblent et qui ressemblent à ta communauté !

Tout à fait ! Les thèmes de mes voyages peuvent varier mais cela reste toujours très personnel. Par exemple, depuis quelque temps je voyage avec un chat. J’ai donc ouvert le blog à d’autres sujets et explique notamment comment voyager avec son chat, partir en randonnée avec, etc. J’ai également de nouvelles marques qui me contactent, comme une société qui a créé un GPS pour chat. Je trouve ça plutôt intéressant !

Tu as également créé un autre blog, NIRVAMOI, dédié au voyage intérieur. Peux-tu nous en dire plus ?

Oui, c’est vraiment un blog plus personnel. Je n’ai pas pu voyager durant la pandémie et cela m’a aussi permis d’entamer une démarche plus personnelle d’introspection, autour des thèmes de la spiritualité, de la quête de la vérité… Je considère ce blog comme la suite logique de tout ce que je recherchais en voyageant, c’est un autre voyage que je partage avec mes abonnés…  

 Â« L’industrie du voyage se trouvait déjà en mutation avant le COVID, les concepts de voyage évoluent et les gens recherchent plus d’authenticité ! Â»

On sait que la pandémie a profondément bouleversé le secteur du tourisme et ses acteurs. Comment as-tu vécu cette période ?

Pour ma part, le fait de ne pas voyager ne m’a pas dérangé. Cela m’a permis de me poser, de faire le point et de considérer le chemin parcouru. Cette période n’a pas été que négative pour moi. En revanche, cela a eu un impact financier : mais, qui dit moins de partenariats en lien avec le voyage dit plus de partenariats avec des marques.

Durant cette période, le tourisme local a aussi été bien boosté, puisque les concepts de « micro-aventure Â» et de « slow travel Â» se sont énormément développés. Beaucoup de gens ont redécouvert leur propre pays et ont modifié leurs façons de voyager. Même moi j’ai réalisé que je connaissais finalement peu mon pays, et encore aujourd’hui, je ne le connais pas entièrement. Je ne suis d’ailleurs jamais allée en Bretagne !

Parallèlement, on lit de plus en plus de critiques envers les influenceurs voyage et le phénomène de « surtourisme Â» : beaucoup de professionnels mettent en avant des sites touristiques saturés, pollués, voire fermés suite à l’afflux de touristes après le passage de bloggeurs. Qu’en penses-tu ?

Sincèrement, je ne crois pas que les bloggeurs-influenceurs soient la cause directe de la dégradation ou de la fermeture d’un site. Il faut comprendre qu’aujourd’hui, nous sommes 8 milliards sur Terre, et qu’avant l’arrivée des bloggeurs-influenceurs, il y avait déjà de nombreux sites prisés par les touristes. Le fait que de plus en plus de personnes voyagent dans le monde, de manière plus régulière et à moindre coûts, a nettement changé la donne.
Le problème, selon moi, n’est pas tant du côté des bloggeurs ou des réseaux sociaux, mais plus de celui de la gestion de l’afflux de voyageurs sur certains sites.
Désormais, beaucoup d’entre eux ont imposés des quotas, mais c’est aussi normal de réglementer si on souhaite préserver ces sites et les visiter agréablement.

« Le tourisme bénéficie de nombreuses influences : depuis que la série Game of Thrones existe, tout le monde se rend à Dubrovnik ! »

Quel regard portes-tu aujourd’hui sur le métier de bloggeur-influenceur ? As-tu observé une réelle évolution des pratiques ?

La première évolution est l’explosion du nombre de bloggeurs et d’influenceurs sur les réseaux ! On était peu à faire ce métier lorsque j’ai commencé, mais le rapport aux marques a aussi changé : elles se sont davantage intéressées aux influenceurs et ont vite travaillé avec eux. L’explosion des réseaux sociaux a également facilité la démocratisation du métier.
De plus en plus d’internautes deviennent connus sur les réseaux et attirent en conséquence les marques. C’est devenu un véritable phénomène !

Ressens-tu une forme de concurrence avec cette explosion du nombre de bloggeurs et de réseaux sociaux ?

Personnellement, c’est avant tout une vraie chance de pouvoir vivre de mon travail, ce qui n’était pas du tout prévu au départ. L’argent n’était pas ma priorité quand j’ai créé mon blog. Je dirais donc que nous ne suivons pas tous la même logique. Certains influenceurs vont souhaiter gagner leur vie très tôt dans le métier, et ceux-là ressentent donc peut-être plus de concurrence. Pour ma part, je souhaite partager mon travail et ma façon de voyager : j’ai même créé une rubrique intitulée « Vivre de son blog Â» où je donne des conseils aux créateurs de contenus. On a tous un message que l’on souhaite délivrer : pour cela, je les aide alors à définir ce message ou l’angle qui leur permettra de se démarquer, dans un secteur qui demeure tout de même assez concurrentiel.

Quel(s) conseil(s) donnerais-tu aux futurs grands voyageurs et « blog-trotteurs Â» qui hésitent encore à sauter le pas ?

Je leur dirais simplement que la joie se situe au-delà de la peur !

Ta prochaine destination ?

Je ne l’ai pas encore trouvée (rires) ! Je reviens tout juste de Naples, une région de l’Italie vraiment authentique que j’ai beaucoup aimé ! Pour l’instant, je n’ai pas de projets concrets, cela se décide souvent au dernier moment ! J’ai seulement prévu un voyage en Egypte…

Il y a finalement beaucoup d’imprévus dans ce métier !

Oui c’est vrai. Cela peut être un voyage booké un an en amont ou un voyage qui se déclenche du jour au lendemain. Je crois que c’est vraiment quelque chose qui me plaît !

Vous pouvez retrouver le site internet de L’Oiseau Rose juste ici !