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L’influenceur corporate de Mai : @MathiasSavary

Mathias et Nolan

 

Mathias_Savary_Copywriter

Il y a exactement 23 ans, Jordy se plaignait que c’est « dur dur d’être un bébé » ; aujourd’hui, des tréfonds du web aux magasins de couches, on se rend compte qu’il est tout aussi difficile d’être un papa ; Mathias Savary, néo-papa, blogueur et storyteller chevronné ne dira pas le contraire ! Et comme 69% des papas, il s’étonne que les marques le considèrent comme un « fantôme », en l’excluant presque totalement de leur production de contenus. Aussi, quoi de plus naturel que de l’écouter raconter son histoire à son fils qui, entre deux gazouillis – mais pas ceux de Twitter ! -, sirote son biberon…

« Mon papa à mwaaaaah est un littéraire… » – S. Bugsy copyright

Tu vois mon fils, aimer écrire, ça ne rapporte pas grand-chose aujourd’hui… Et comme je ne suis ni Marc Levy, ni BHL, et bien, il a fallu que je me débrouille au mieux dans une société où l’ortaugrafe se conjugue en smileys ! Pourtant, au début, tout avait bien commencé : il était une fois mon histoire de lycéen L à La Bruyère, à Versailles, passionné de littérature classique, épanoui dans les lignes sinueuses de mes dissertations et avide de connaissances. Jusque-là, tout allait bien ! Et puis, je me suis dit que le meilleur moyen de vouloir coucher des phrases sur le papier serait de passer le concours d’entrée à l’ENS… Et puis, comme l’on apprend mieux de ses échecs et bien, je l’ai raté deux fois… Ni une, ni deux, – enfin si du coup ! – direction la Maîtrise de philo à La Sorbonne ! Bah oui, tu comprends, apprendre de Sénèque et de Nietzsche, c’est tout de même mieux que d’être normal(ien). Ensuite, attiré par l’univers du cinéma, je me dis que si je ne pouvais distiller mon talent dans l’enseignement supérieur, alors autant le mettre au service de réalisateurs qui imageront bien ce que mes scénarios racontent : c’est l’histoire de mes études en école de ciné. Brillante au départ – major de promo quand même ! -, ma carrière de scénariste a vite pris du plomb dans l’aile. Les tournages, l’intermittence, tout ça, tout ça… Tu vois mon fils, rien n’est écrit, chacun trace sa route !

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Je suis alors devenu un « clandestin du web », un ghost-copy-writer formé sur le tas qui écrivait l’histoire d’une ceinture Gucci ou d’une paire de chaussures vendues sur Zalando. Il n’y a pas de sot métier mais je suis quand même content d’avoir croisé la route de Denis Fages, le fondateur de VidéoTelling.fr qui, après une expérience comme concepteur-rédacteur, m’a finalement proposé de créer, administrer et animer le blog de sa boîte. Enfin un job qui me plaisait, tu imagines, écrire des articles et raconter des histoires, c’est juste génial ! Et puis, tu sais fiston, aujourd’hui, les créateurs de contenus sont devenus les rois du web et je me suis rendu compte qu’en réalité, les littéraires, ces rats de bibliothèque has-been, avaient bien plus à apporter à internet que ce que les orientations scolaires forcées ne le laissaient penser… Encore un trou noir ! On valorise les filières scientifiques et économiques mais on oublie que les mots sont l’or du web 2.0 et que c’est avec des mots qu’on raconte les plus belles histoires ! Même les vidéos, ces « content kings », sont préparées avec des mots, c’est dire ! Alors, de clandestin, je suis passé à un bien plus joli statut : raconteur d’histoires. Storyteller, comme ils disent. Une petite formation sur le copy-writing chez LiveMentor, quelques coups d’essais sur Frenchweb et Economie Matin et le monde digital était à moi !

Capture d’écran article Maddyness

…à boire ? Ok, voilà ton bib. Oui, j’ai mis du jus de carotte… ? Tiens mais laisse-moi te raconter la suite ; le storytelling a envahi la toile comme une traînée de poudre : tweets, vidéos, illustrations, publications Facebook, bannières, stories Insta, tout est devenu storytellé pour la simple raison que les marques mettent à disposition de la société tant de choix de produits que les gens se retournent vers celle dont l’histoire est la plus sincère, la plus crédible et dont ils se sentent le plus proche. La publicité classique a échoué, laissant un trou béant dans lequel les créateurs digitaux se plongent pour créer… des émotions. Un type a dit un jour qu’on entrait dans une « économie de l’émotion » et bien, au-delà du joli mot, il a tout à fait raison ! Les créateurs de contenus sont désormais des facteurs d’émotions, artisans du web qui replacent l’humain au cÅ“ur de la chaîne de valeurs. Maintenant, ce sont eux qui génèrent de l’engagement, eux que les marques s’arrachent parfois à coups de milliers d’euros, eux que l’on nomme « influenceurs »... Quoi ? « trains » ? Tu veux encore regarder des vidéos de trains sur Youtube ? attends, je finis mon récit… »

Et moi, dans tout ça, avec mes histoires, je me suis rendu compte à ta naissance, alors que je flippais de mal changer ta couche ou de mal te nourrir, que Google avait oublié d’expliquer aux papas comment on faisait tout ça. On parle de tout « désiloter » mais on en est encore à une vision silotée désuète : « papa travaille, maman s’occupe des enfants », tu t’imagines ! Pourtant, moi, j’en vois de plus en plus des papas au parc quand je t’y emmène. Et à eux alors, on ne s’adresse pas ? Pourtant, franchement, avec notre satanée pudeur masculine, on n’ose pas demander aux copains ou aux parents de nous aider pour ce genre de choses… T’imagines la tête de ton grand-père si je lui demandais comment retrouver des rapports sexuels normaux après ta naissance ? Euh, non, en fait, oublie ce que je viens de dire, tu es trop jeune pour ces choses-là ! Bref, pas de copains ou de famille alors Google devient notre meilleur ami pour soigner nos névroses angoissées de néo-papas… Mais, surprise, pas grand-chose à lire pour nous. Quelle galère !

Le-guide-de-survie-illustre-du-jeune-papa

Soudain, l’autre jour, je tombe sur le projet d’un photographe intitulé « Humans of New-York ». Je vais te résumer son histoire ; en gros, c’est un type qui galère à trouver du boulot alors, au lieu de ne rien faire, il se balade dans Central Park et prends des photos des passants. Puis lui vient l’idée d’échanger avec eux et de raconter leur histoire avec un portrait et un court texte illustratif. Bingo ! Ça cartonne du feu de Dieu et il se retrouve maintenant à raconter l’histoire de Pakistanais et même de faire un film ! Et tout ça comment ? Tout simplement parce que, sans s’en rendre compte au départ, il storytellait à coup de visuels et de textes brefs, du short content vachement engageant. Carton plein et full respect ! Quand je me suis rendu compte qu’on ne nous parlait pas à nous, les jeunes papas, je me suis dit qu’il fallait que je le fasse et ce, non dans une logique financière mais dans l’optique d’aider les gens, de transmettre mon expérience et de raconter l’histoire de mes semblables. C’est ainsi qu’est né mon blog « Papa Stories » sur lequel je dispense des conseils mais je dévoile également les expériences d’autres papas. Tu sais, je constate une chose aujourd’hui : l’influence, pour moi, c’est avant tout « la qualité de l’aide que tu peux apporter à tes lecteurs ». C’est comme ça qu’on génère de l’engagement, qu’on se crée une communauté et j’espère bien un jour avoir la mienne…

L’un dans l’autre, ça fait beaucoup ! Entre mon boulot de storyteller pour VideoTelling.fr, mon « appartement digital » avec mon blog Papa Stories et puis toi… Enfin, je veux dire que tu me prends un peu de temps quand même ! … Il est où le chat ? Je ne sais pas. Peut-être qu’il dort. Où en étais-je ? Ah oui, bon, j’ai quand même un peu de temps pour réfléchir sur la spiritualité ; j’aime bien essayer de comprendre comment fonctionnent les émotions, les miennes et celles des autres ! La psychologie humaine recèle tant de secrets qu’on ne prend plus le temps d’essayer de découvrir… Ça aussi, c’est toute une histoire ! …encore une histoire ? Après dodo, hein ? Bon, est-ce que je t’ai parlé de Magellan ? Je viens de terminer sa biographie par S. Zweig ! En voilà un bon stroyteller, ce Zweig ! Tu sais qu’il était portugais Magellan ? Ah non ? Bon, en tous cas, le roi du Portugal ne voulait pas financer son vaisseau alors il a été demander en Espagne ; mais bon, l’équipage espagnol n’aimait pas vraiment être dirigés par un Portugais alors ils se sont mutinés. Deux fois ! Malgré tout, ce navigateur a réussi ce que peu d’autres ont accompli depuis lors en bravant tant d’obstacles humains… Et ensuite…

Quoi ? Je raconte beaucoup d’histoires ? Eh, que veux-tu fiston, toi aussi tu en auras une passion !