Pouce baissé contre, Tendances

Pouce baissé contre… #2 – Les défis sur les RS

Les défis sur les RS
A l’instar du bouton « J’aime » et pour accueillir comme il se doit le bouton « J’aime pas » de Facebook, nous avons décidé de lever le pouce – ou de le baisser – une fois par semaine en analysant une actualité du monde de l’influence. Bienvenue dans l’arène des Césars digitaux !

 

Nombreux sont ceux qui se prêtent au jeu des défis en chaîne sur Twitter et Facebook. Le principe : se filmer en train de réaliser un challenge, poster la vidéo puis désigner un ami qui devra ensuite faire de même dans les 24 heures.

Depuis quelques mois, ce genre de défis explose sur les RS. Il y en a pour tous les goûts ;

  • Des plus mignons: Avec le « cheerios challenge » des pères qui font une tour de céréales sur la tête de leur bébé endormi, ou le « motherhood challenge » qui consiste à poster des photos de sa grossesse et de taguer ses proches pour qu’ils fassent de même.
  • Aux plus comiques: l’incontournable « Harlem Shake » en a poussé plus d’un à s’enflammer sur des morceaux électro, et son contraire, le « Mannequin challenge » où le but est de rester figé tel un mannequin en plastique sur fond musical de Rae Sremmurd. Parmi les défis comiques, il y aussi le « Water Challenge » où il s’agit de lancer une bouteille d’eau en l’air de telle sorte à ce qu’elle retombe toute droite !
  • En passant par les défis intellos: tenir le plus longtemps possible en dansant, tout en faisant des calculs mentaux de plus en plus difficiles…
  • Mais aussi dangereux: le Fire Challenge consiste à s’enflammer une partie du corps pour se transformer en torche vivante. Une petite fille de 8 ans en est récemment décédée. On compte aussi le « A4 Waist Challenge » ; un défi minceur qui consiste à tenir une feuille de papier devant son ventre sans que celui-ci ne dépasse. La liste ne s’arrête pas là : « à l’eau ou un resto » est un défi à l’origine de deux drames en France, et le « Ice & Salt challenge » a causé une multitude de brulures au 2nd voire au 3ème degré (n’essayez pas !).
  • Voire mortels: le fameux « Blue Whale challenge ». Venu de Russie, sur le RS VKontakte particulièrement populaire auprès des ados, ce challenge implique de relever 50 défis en autant de jours qui poussent in fine au suicide. Les actions demandées deviennent de plus en plus morbides au fil des jours (se scarifier la main, se couper les lèvres, poignarder sa main avec une aiguille, s’asseoir au bord du toit avec les jambes dans le vide) et se concluent par un appel à la mort par pendaison ou en sautant du toit. En février, deux adolescents russes de 15 et 16 ans se sont donnés la mort en sautant d’un toit après avoir relevé le défi final de la baleine bleue, rapporte le Siberian Times. On en a entendu parler jusqu’en France, à tel point que la police nationale a publié une mise en garde.

les défis sur les RS

Pour un twittos, il s’agirait d’un nouveau processus de sélection naturelle à l’âge d’internet. Plus concrètement, c’est surtout une pression sociale exercée dans l’enceinte virtuelle où les internautes ont envie de répondre présents, sous peine de passer pour des « dégonflés ». Cette nouvelle forme de bizutage a pour objectif de faire exister celui qui relève ces défis au regard du groupe, de parfois tester ses limites et d’afficher une personnalité débridée (« I am one of the cool kids »). Un comportement très commun dans la vie réelle, auquel s’ajoute le filtre de la virtualité et de la désinhibition.

Pourquoi la jeune génération est-elle prête à prendre des risques pour quelques « like » de plus ?

Docteur en psychologie, Yann Leroux, rappelle que « Les mondes numériques sont nouveaux pour tous, mais les adultes n’ont pas une expérience infantile du numérique. Ils n’ont pas le souvenir d’avoir 12 ans et de surfer sur YouTube ni de discuter avec leur smartphone sous les couvertures jusqu’à minuit. Il est important de connaitre les pratiques numériques adolescents pour se faire une représentation juste des défis qu’il y rencontrent (…) Internet a permis aux jeunes de s’immiscer dans cette sphère d’images, transformant des pratiques jusque-là privées en une sorte de publicité. C’est une génération que l’on filme depuis la naissance. »

La réalité et la « virtualité » se rencontrent et obligent d’une certaine manière les jeunes à passer par de nouvelles étapes pour montrer qu’ils sont en phase avec leur époque. Certaines pratiques sont certes dangereuses mais internet est un média chaud où les tendances sont éphémères (pour la plupart, on l’espère !). De plus, tous les jeunes ne se prennent pas au jeu. Les réseaux sociaux constituent un espace d’échanges collaboratifs où l’on peut trouver le meilleur comme le pire. La « Neknomination » qui a causé une certaine quantité de comas éthyliques a su être reconvertie en « Smartnomination », où la nomination d’un ami conduit cette fois à nourrir un sans-abri. On peut aussi mentionner l’ « Ice Bucket Challenge », qui est passé d’un simple renversement d’eau glacée à une récolte de fonds pour lutter contre la maladie de Charcot. Parmi les réponses apportées, il existe donc une certaine créativité et une intelligence qui n’est pas à négliger. Les défis sur les RS représentent d’ailleurs un enjeu pour les marques : Disney et Fun Radio l’ont bien compris avec le « Chewbacca Challenge ».

En somme, l’originalité primera toujours sur l’effet mouton !

les défis sur les RS

Une petite recommandation cinématographique ? Disconnect (2013) de Henry Alex Rubin, traite des difficultés que peuvent rencontrer des adultes face aux codes qui régissent internet, notamment sur les réseaux sociaux.