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Le numéro 1 du marché des plateformes musicales, va bientôt franchir le cap des 500 millions d’abonnés à travers le monde ! Seulement, voilà , le géant Suédois traîne derrière lui une ardoise plus que pleine de 430 millions de dollars de dette !
Pour y faire face, le fondateur de la plateforme, Daniel EK a annoncé, fin janvier, la mise en place d’un plan de licenciement de près de 6% de ses effectifs à travers le monde, soit 500 salariés et a déclaré « Avec le recul, j’ai été trop ambitieux en investissant plus vite que la croissance de chiffre d’affaires ».
Retour sur les rouages internes et économique de cette perte de revenu catastrophique…
Un business-model finement rôdé
Avec l’objectif d’atteindre le milliard d’utilisateurs d’ici 2023, le modèle de Spotify lui confère aujourd’hui une stratégie de gain de marché rondement mené qui le place en tête des plateformes de streaming musicale.
Dans un article des Échos, le succès de Spotify s’explique en particulier sur la réussite technologique de la plateforme allié à une stratégie marketing concentrée autour des jeunes et des réseaux sociaux, reflétant ainsi la position de prescripteur de tendances musicales.
Première plateforme non-issue de la piraterie, le business-model de Daniel EK repose sur une stratégie de séduction de l’industrie musicale notamment à travers la question de la rémunération et des droits d’auteur, non pas des artistes directement, mais des labels, distributeurs et autres intermédiaires.
Enfin, et pas des moindres, en sus de l’intégration des podcasts à succès, la plateforme a révolutionné l’écoute musicale avec la mise en place des playlists, centrées non pas autour d’album, mais autour de titres de musique, en partie suggérés par l’algorithme qui tient compte des goûts musicaux de chacun.

Daniel EK Source : Le Parisien
Alors, comment un géant tel que Spotify, se retrouve avec une dette aussi colossale ?
Dans sa chronique médiatique, Cyril Laccarière explique que cette dette est issue de l’étroite relation entre les maisons de disques et la croissance exponentielle de la plateforme Spotify.
Ainsi, malgré une valorisation boursière estimée à plus de 30 milliards de dollars et des profits conséquents, Spotify, à l’instar des autres plateformes, dispose d’un accord avec les maisons de disques qui spécifie la réversion de 70% du revenu global et ce, quelles que soit les évolutions des revenus.
En 2021, la plateforme suédoise avait ainsi annoncé avoir versé 7 milliards de dollars, soit près de 20% de tous les revenus du marché de la musique dans le monde, contre 5 milliards l’année précédente. Pour les majors – Sony, Universal et Warner -, la réversion des revenus de Spotify a ainsi représenté 4 milliards de dollars.
Mais, malgré ce partage des revenus, la plateforme a rapidement reçu de nombreuses critiques quant à la répartition des revenus : 99% des artistes génèrent moins de 10 000 dollars par an.
Modèle alternatif de Tiktok
A contrario, le « jeune » modèle que représente Tiktok, comparé aux plateformes telles que Spotify ou Deezer, a d’ailleurs tiré les leçons du système de rémunération avec les maisons de disques. Véritable antre de la génération Z, la plateforme chinoise au milliard d’utilisateurs, mène aujourd’hui une guerre contre l’industrie musicale afin de garder son indépendance et ses 12 milliards de dollars de revenus.
Récemment, Tiktok a d’ailleurs lancé un test en Australie où les créateurs de contenus n’ont désormais accès qu’à un nombre limité de musiques. L’objectif ? Prouver que le succès de la plateforme n’est pas en lien avec la musique.
Cependant, la plateforme joue un jeu de fourbe car elle tient un rôle clef en tant que prescriptrice de tendance musicale. L’exemple du hit « Blue » de David Guetta, qui après avoir mis un extrait sur Tiktok, devient numéro 1 dans 22 pays et 6 mois dans le top 10 de Spotify ne peut que témoigner de la force de frappe de la plateforme.

En 2021, selon l’IFPI, les revenus des ventes de musique ont été de 26 milliards de dollars, soit un record historique, en partie dû aux revenus générés par les plateformes de streaming, soit 65% du montant total des revenus de vente de musique.
Les enjeux de l’industrie musicale remettent aujourd’hui en cause le fonctionnement complet d’un système qui met désormais à mal des leaders et rebat les cartes du jeu…