Chaque mois, Alchimia rencontre un Gestionnaire de Communauté et vous concocte une petite interview en fonction de ses spécificités… Ce mois-ci, rencontre avec Laura la GC cult(ure) du Figaro pour un interview « la tête dans les nuages » !
Bonjour Laura, pourrais-tu nous rédiger un poème en 8 fois 140 caractères sur ton métier de community manager pour le Figaro Culture et TV ?
Va promouvoir de la Culture en seulement 140 caractères toi! C’est la toute la difficulté de discuter avec l’oiseau bleu. Réduire à son maximum un contenu malgré sa richesse c’est comme boire un cocktail dans un shot. Et de toutes façons, je ne suis pas Baudelaire, “Les fleurs de #” n’est pas encore enseigné dans les écoles à ma connaissance. On va laisser tomber le poème et se lancer dans la métaphore sportive. L’idée c’est de voir les réseaux comme une équipe. Twitter c’est l’attaquant, Facebook est en défense, Snap et WhatsApp l’avant-centre et Instagram le goal, celui tranquilou dans son coin mais incontournable. Et il faut suivre une stratégie. Tu lances pas tes joueurs au hasard. Tu sélectionnes, tu es tributaire du terrain, enfin du ton du média que tu représentes. Bref, le quotidien Social Media c’est sportif, il faut sans cesse s’adapter.
Une très belle fanbase sur Twitter, peux-tu nous faire une belle exposition de tes techniques de CM sur l’oiseau bleu ?
Trouver l’équilibre entre le texte et l’image. Alors même si c’est moche, use et abuse du GIF, Twitter c’est décomplexé. Tu feras ta galerie de photo HD sur une autre plateforme (repense à l’équipe sportive). Lis les papiers et demande toi quelle en est la pertinence, qu’est-ce qui en ressort? Et c’est ça que tu mettras en lumière, kit à faire un pas de côté avec l’angle initial du journaliste rédacteur. T’es pas une machine à programmer des URL. Ton rôle c’est de prolonger la vie du contenu à travers ta lecture sensible de petit humain connecté.
En quelques tirades, peux-tu nous parler de tes objectifs quantitatifs et qualitatifs sur les réseaux sociaux que tu gères ?
Secret Défense.
Pourrais-tu nous décrire ta vision des réseaux sociaux en une ou deux toiles de maître (visuel) ?
Le Cri d’Edvard Much pour sa ressemblance avec le smiley 😱. Un hasard? Je ne crois pas… Les théories du complot sont nombreuses sur les réseaux et ça peut te monter à la tête ou te rendre paranoïaque de la moindre information.
Peux-tu nous raconter une de tes journées type en « levels » de jeu vidéo ?
La Démo : Tu programmes les papiers publiés avant ton arrivée à la rédaction. Ctrl+C / Ctrl+V tu le maîtrises rapidement.
Level 1 : Tu réponds aux MP et là tu te confrontes aux plaintes et requêtes de tes internautes chéris. Tu gagnes en humanité… ou pas.
Level 2 : Tu te lances dans la retouche photo et montage vidéo parce que ça donne des post avec une portée plus conséquente. Tu passes au niveau supérieur de CM, t’as le badge Social Média.
Le Boss: T’arrives en fin de journée, t’as les yeux explosés, une quinzaine d’onglets ouverts, répartis sur deux écrans et tu dois programmer les post pour la soirée quand tu te seras délivré de ton bureau pour goûter à la vie réelle. Inutile de préciser que ces posts doivent être impeccables sinon lendemain quand tu passeras à nouveau le Level 1, ça va faire mal.
Le contenu est désormais ROI ! La création de contenus pour les réseaux sociaux est-elle un art ?
Je te renvoie au Level 2 de notre jeu de CM. La créativité est sans cesse sollicitée dans ce métier. Tu manies images, fixes ou animés, boutades et jeu de mots en permanence. Tu explores de nouveaux outils. Tu n’as peut-être pas la noblesse d’un artiste, ton métier reste obscure pour tes grands-parents, mais tu t’amuses beaucoup à cogiter et créer en permanence. C’est un art de vivre quelque part de cultiver le jeu au quotidien. Quand je ne m’amuserai plus, je changerai de métier.
Parles-nous un peu de tes acteurs : quelles sont vos communautés sur le Figaro Culture / Télé ?
Secret Défense.
Pourrais-tu monter une émission : j’ai été victime d’un bad buzz et quels seraient tes conseils aux invités pour les éviter ?
Débranche ta Freebox, met ton smartphone en mode avion. Si t’es connecté, t’es fichu. Plus sérieusement, il faut s’autodiscipliner. L’infini de cet étrange monstre qu’est Internet ne te dédouane pas des conséquences. Virtuellement ou pas, la lâcheté n’a jamais été une qualité. Et même avec toute la bonne volonté du monde, tu n’es pas à l’abri d’une mauvaise vanne déplacée. Dans ce cas, au lieu de bomber le torse, tu t’excuses, tu envoies des smiley coeur, bref tu fais les choses bien même par écran interposés. 🙂
As-tu quelques anecdotes à nous compter sur tes communautés ?
Impossible, tous les soirs mon cerveau fait RESET.
Merci Laura et dernière question, un peu plus perso : quel est ton art favori et comment aimes-tu communiquer dessus ?
C’est un peu confession intime ton interview… J’ai une prédisposition pour le cinéma. Je trouve extraordinaire que 24 images par seconde arrivent à me faire pleurer, rire aux éclats ou me faire peur. C’est aussi parce que le 7e Art est un pont entre tous : photographie, dessin, musique, peinture, littérature, 3D… Pourquoi choisir? Les carcans académiques sont loin et heureusement. L’avenir est aux métissages, politique et artistique. Les murs ça s’écroule toujours.