Le chiffre hebdo, Réseaux Sociaux

90 000€ pour abandonner votre smartphone pendant un an ?

Source : Nos Pensées

Chiffre hebdo #41

Le 11 septembre dernier, la marque Vitamin Water annonçait via son compte Twitter un concours pour le moins original.

#NoPhoneForAYear

Pourriez-vous vous passer de votre téléphone pendant un an ? C’est le défi que la marque VitaminWater lançait fin 2018 via son compte Twitter : « Abandonnez votre smartphone et gagnez 100 000 dollars ». A l’heure de l’hyper connexion, vivre sans son smartphone semble être devenu impossible pour certains des 3,3 milliards de mobinautes actuels.

Pour participer, rien de plus simple. Toutes les personnes souhaitant gagner cette somme doivent écrire une publication via Instagram ou Twitter en mentionnant les hashtags #NoPhoneForAYear et #contest. Le post en question doit mentionner les motivations des potentiels candidats et ce qu’ils feraient de ce temps libre. ­Le participant sélectionné devra par la suite respecter un contrat pendant la durée de ce défi. Aussi, il est précisé que le challenger ne pourra utiliser qu’un téléphone datant de 1996 et a l’interdiction de se servir de tablettes ou de smartphones.

La marque se fait-elle le porte-parole d’une prise de conscience collective ?  Rien n’est moins sûr car l’opération reste d’abord un coup marketing. En effet, la marque, en faisant parler d’elle sur les réseaux sociaux, s’offre une campagne de publicité à moindre coût. Plus de de 100 000 personnes ont souhaité participer à ce défi qui relève de l’expérience sociale. Après délibération du jury, c’est le profil d’une jeune américaine, Elana Mugdan de Queens, qui a été retenue. Réussira-t-elle à vivre 1 an sans smartphone ? Réponse dans quelques mois.

Saurez-vous vous passer de votre smartphone ?

Une récente étude britannique révèle que nous consultons en moyenne notre téléphone 221 fois par jour, soit plus de 1 500 fois par semaine. En moyenne, nous commençons à consulter notre smartphone dès 7h30 du matin. Que ce soit pour éteindre notre alarme, gérer ses comptes, prendre les transports, consulter nos réseaux sociaux, répondre aux mails ou bien sans raison particulière, simplement pour vérifier que nous n’avons pas de notifications. Le résultat est surprenant : nous passerions en moyenne 3h16 minutes sur nos téléphones portables par jour.

Le 6 février dernier, la journée mondiale sans téléphone portable était organisée un peu partout dans le monde. Avec près de 8 français sur 10 qui possèdent un smartphone, cette initiative traduit une réelle prise de conscience. Pour certains, l’usage du téléphone vire à l’addiction et cela porte un nom : nomophobie. Si ce terme vous est peut-être encore inconnu, il a été élu mot de l’année 2018 par le comité du Cambridge Dictionary. Ce mot vient de l’anglais « no mobile phone phobia », ce qui traduit la peur ressentie par un individu à l’idée de se retrouver sans téléphone.

Les symptômes de la nomophobie peuvent aller de la simple consultation frénétique du téléphone jusqu’à des crises de panique dès qu’un problème apparaît (manque de batterie, plus de réseau…). Néanmoins, l’organisation mondiale de la santé (OMS) ne reconnait pas encore ce type d’addiction. De nombreux médecins et psychologues tentent de faire reconnaître cette addiction qui, selon ces derniers, est en pleine croissance. Si la nomopobie est principalement une dépendance psychologique, une part de dépendance physiologique existe. En effet, dès que nous recevons un message ou une notification par exemple, notre corps fabrique de la dopamine (l’hormone du plaisir). Pour les plus accros, les conséquences peuvent être dramatiques. Une récente étude scientifique a prouvé que l’addiction au smartphone forme des connexions neuronales similaires à celles des opioïdes.

« L’idiocracy » a-t-elle commencé ?

Source : AlloCiné

Le film culte de Mike Judge « Idiocracy », décrivant une société rongée par la bêtise et le manque de connaissances intellectuelles, fait écho à notre dépendance aux écrans. Ce film partage d’abord une vision satyrique d’une société déboussolée, et l’assistanat qui résulte des technologies portables restreint le développement cognitif des individus. Nous pouvons alors nous interroger sur notre rapport à la gestion des informations, mais aussi sur l’évolution de nos connaissances.

Pour reprendre la formule de Pierre Marc de Biasi « notre téléphone serait devenu notre troisième cerveau ». Il explique qu’aujourd’hui, notre téléphone joue le rôle de l’assistant parfait. En effet, notre téléphone nous assiste dans beaucoup de gestes du quotidien : GPS, recherche sur internet, agenda, calculatrice… et ces actions combinées nuiraient fortement à notre attention. Cette dernière sature dès 15 secondes car notre cerveau n’est pas programmé pour le multitasking. Ainsi, le fait que certaines tâches nous soient directement proposées, les smartphones restreignent sensiblement notre créativité. Pierre Marc de Biasi n’est pas le seul à vouloir nous alerter sur les risques liés à la surconsommation de nos écrans. Plusieurs anciens chercheurs de la Silicon Valley tentent de faire entendre leur voix par le biais d’ONG. De plus, une étude menée par l’institut de psychiatrie de l’université de Londres affirme que passer d’une tâche électronique à l’autre entraînerait une baisse de QI aussi significatif que de fumer du cannabis (nous retrouvons là la base du scénario du film mentionnée ci-dessus).

En réponse à ce mode de vie, nous assistons à l’émergence de la détox numérique. Paradoxalement des applications peuvent vous aider à vous détacher de votre téléphone. Par exemple l’application « Stay Focused » permet de se « désintoxiquer » étape par étape. Le but ? Planter une graine numérique symbolique, si vous ne touchez pas à votre téléphone pendant la demi-heure impartie, la graine se transformera en arbre. Autre exemple d’application : « Space ». Elle vous permet aussi de vous libérer de vos téléphones mais de manière plus radicale cette fois. Dès que vous passez trop de temps sur votre téléphone, elle bloque vos notifications et assombrit l’écran.

Afin de tester votre dépendance, nous vous proposons un petit jeu : vous retrouvez vous dans l’un des dessins suivants ? Ces illustrations prêtes à rire mais sont pleine de vérité ! Encore plus d’images ici ðŸ˜Š

Source : Bridoz