Le chiffre hebdo, Réseaux Sociaux

1 caractère en moins sur Twitter !

Source : CnetFrance

Chiffre hebdo #39

Les twittos anglophones écrivent moins depuis qu’ils peuvent écrire plus !

Pouvoir parler plus… pour parler moins

Avant tout, savez-vous pourquoi Twitter n’autorisait initialement que 140 caractères ? Il se trouve que le réseau social a été construit comme un service de messagerie texte, s’inspirant des SMS. A l’époque, les SMS étaient limités à 160 caractères. Sachant que sur Twitter, le nom de l’utilisateur ne peut dépasser les 20 caractères, un simple calcul nous donne une possibilité de 140 signes maximum pour s’exprimer. Mais cette contrainte textuelle n’a pas toujours été comprise par les utilisateurs et une partie d’entre eux souhaitait pouvoir écrire davantage.

Après avoir spéculer sur des tweets à 10 000 caractères, la plateforme a choisi simplement de les doubler, en novembre 2017, car leur objectif était de « rendre [l’allongement des tweets] possible tout en s’assurant de conserver la vitesse et la brièveté qui font de Twitter, Twitter ». Mais le but de cette amélioration devait permettre à « tout le monde de s’exprimer » et ainsi de favoriser la prise de parole et la formulation des idées. Or, depuis que les twittos peuvent s’exprimer en 280 caractères plutôt qu’en 140, les anglophones écrivent paradoxalement moins ! Selon un communiqué de la plateforme, à peine plus d’un utilisateur sur 10 (12%) dépasse les 140 caractères pour s’exprimer, et seul 1 sur 100 atteint les 280 !

Source : Twitter

La digitalisation de la communication réduit-elle le langage ?

« Flash : Twitter annonce que très prochainement les utilisateurs du réseau social pourront s’insulter et se harceler en 280 caractères » tweetait, non sans humour comme à son habitude, le site LeGorafi. Mais le passage à 280 caractères offre cependant plus de place aux formules de politesse ! Selon Engaget, Twitter observe une hausse de 54% de l’utilisation de « please » et de 22 % pour « thank you ». Aussi, de manière plus générale, les formules de politesse sont de plus en plus utilisées sur Twitter et elles permettent de rédiger des messages moins directs donc mieux contextualisés. Même si les insultes et les diffamations existent en nombre sur les réseaux sociaux, 1 an après, une petite accalmie semble revenir sur le géant à plumes bleues. Ces résultats sont propres aux contenus anglophones mais il s’avère que, selon Twitter, les résultats seraient similaires dans les 7 autres langues utilisées.

Twitter a également sous-estimé le recours aux « threads » ! Ces fils de discussions offrent aux twittos la possibilité de poster plusieurs tweets d’affilés afin d’exposer plus longuement une opinion ou une réaction. En plus de pouvoir s’exprimer davantage, les internautes publient encore plus, comme le démontre le schéma de Thread Reader App. La numérisation des outils de communication permet aux internautes de pouvoir s’exprimer sur l’ensemble des sujets qui les concernent et parmi ceux-ci, certains leur tiennent particulièrement à cÅ“ur. Les internautes sont passés d’une démarche de réaction à une volonté d’expression qui se traduit par le recours aux threads et cela vient contrebalancer la baisse du nombre de caractères des tweets.

Les contenus textuels ont-ils de l’avenir ?

La diffusion des photos, vidéos et autres images, comme les fameux GIFs, explose sur les réseaux sociaux. Les internautes semblent communiquer davantage par images. Des spécialistes remarquent une infantilisation des codes de communication sur les plateformes numériques… Mais pourquoi ? Les 230 nouveaux émojis sortis en 2019 peuvent nous faire penser que le texte est de moins en moins utilisé pour s’exprimer à l’écrit ! YouTube, Instagram et Snapchat nous démontrent que des réseaux dit « sociaux » peuvent connecter les internautes du monde entier alors même que leur mode de fonctionnement n’est pas basé sur les mots mais sur les images ! « Le sourire est la langue universelle » disait l’écrivain américain William Arthur Ward. En effet, les visuels sont davantage interculturels que les mots et cela est notamment dû à la simplicité de lecture que dégage une image.

Scientifiquement, les images s’avèrent suffisantes pour être un mode de pensée aussi complexe que celui régit par les mots. L’exemple des individus sourds et muets met en exergue cette idée. En effet, les représentations mentales sont plus ergonomiques pour notre cerveau que les représentations textuelles. Un enfant de 3 ans, dépourvu de codes grammaticaux et orthographiques, reconnaîtra l’image de sa mère mais sera incapable de comprendre le message d’amour qu’elle aura écrit au dos de la photo. C’est en cela que, pour un article en ligne, une image accrocheuse va davantage inciter un internaute à cliquer dessus, plutôt qu’un titre accrocheur. C’est là tout le système de la publicité (et de la misogynie qui en ressort parfois). Cependant, même si nous constatons une baisse de la qualité du langage chez les internautes (à l’instar de la déclin de la grammaire dans les SMS), il semble peu concevable que les images remplacent la richesse des mots.

Sources :  PresseCitron & Numerama